Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/482

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c’est le départ du vieillard découragé et desservi, quand Michel-Ange arrive à Rome[1]. Depuis longtemps François Ier, qui avait vu ses chefs-d’œuvre et qui connaissait sa position précaire, lui offrait un honorable asile en France. Décidément Léonard devait manger le pain de l’étranger. Pietro Soderini, le gonfalonier florentin, homme bon et généreux, et Léon X, le pape florentin, si grand et si noble, devaient méconnaître et froisser cet homme de génie. Il fallait peut-être dans le mouvement providentiel des arts, et pour leur accroissement, que ce merveilleux praticien, que cet homme ingénieux, s’il en fut, ne jouît d’aucun repos et n’eût aucune assiette fixe, afin de promener partout sa science et de la communiquer.

Le Vasari nous a paru trop négliger cette véritable face du Vinci ; lui qui signale, comme on le verra, la grande influence du talent florentin de Léonard sur toutes les productions du Vénitien Giorgione, aurait dû chercher cette influence quelque part où l’on pourrait la reconnaître plus naturellement encore. Nos premiers maîtres français, Jean Goujon et Jean Cousin, ont emprunté au Vinci autant qu’au Primatice et au Rosso ; Raphaël et Michel-Ange eux-mêmes en ont bien profité un peu, et toute l’école milanaise le reconnaît pour chef. C’est donc à Milan principalement qu’on doit juger Léonard[2]. La généreuse hospitalité des Sforce nous le montre dans

  1. Lanzi, Hist., tom. I, pag. 202.
  2. Lanzi, Hist, tom. IV, pag. 82 et suiv.