Je ne veux pas sortir du pays que la nature, pour
ne pas être accusée de partialité, dota d’hommes
aussi rares et aussi précieux que ceux dont elle avait
orné la Toscane pendant de longues années. Parmi
ces hommes brille Antonio da Correggio, peintre
éminent, doué d’un beau et grand génie. Il arriva à
une telle perfection dans le style moderne, qu’en
peu d’années, à l’aide de ses qualités naturelles et
de ses puissants efforts, il devint un merveilleux et
sublime artiste (1).
Il était d’un caractère très timide ; et pour soutenir sa nombreuse famille, il exerçait son art, aux dépens de sa santé, au milieu de fatigues continuelles. Sa bonté d’âme le faisait agir ainsi ; cependant il s’affectait outre mesure des maux qui pèsent sur notre pauvre humanité. Il était très mélancolique et se rendait esclave de ses travaux. Aucune difficulté ne put jamais l’arrêter, comme le prouve une multitude de figures qu’il peignit et termina avec soin, dans la grande tribune de la cathédrale de Parme.