Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/55

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traduisit la nature avec exactitude, et que le second la développa poétiquement ; ou encore, en disant que Masaccio améliora l’art, et que Fra Filippo le perfectionna. Mais n’y eut-il pas un plus haut mérite à améliorer ce qui était foncièrement vicieux, qu’à perfectionner ce qui recélait déjà en soi de précieuses et incontestables qualités ? Cette question, qui surgit du rapprochement établi entre Masaccio et Filippo, ne passerait point sans être examinée avec soin, si, pour ne pas sortir des étroites limites qui nous sont imposées, nous n’étions forcés de nous contenter de la signaler, comme tant d’autres, à l’attention de nos lecteurs. Nous nous sommes d’ailleurs engagés, dans le volume précédent, à fournir ici quelques renseignements sur les peintres du nom de Lippo ou Lippi, de Filippo ou Filippi, dont la multiplicité a souvent jeté une fâcheuse confusion dans l’histoire des écoles italiennes ; et ces notices, si abrégées que nous les donnions, ne laisseront pas que de nous manger du terrain.

En observant l’ordre chronologique, s’offre d’abord à nous un certain Andrea di Lippo, qui florissait à Pise, en 1336, et qui fut appelé, dix ans plus tard, à décorer la cathédrale d’Orvieto, en compagnie de plusieurs autres maîtres.

À la même époque, vivait à Florence Lippo Memmi, dont Vasari a joint la biographie à celle de son frère Simone. Ce Lippo fut l’élève et le collaborateur de Simone ; mais lorsqu’il travailla sans le secours de celui-ci, il ne s’éleva jamais au-dessus de la médiocrité, du moins pour l’invention et le