Une violente fureur s’empare des artistes présomptueux
et vains qui, au moment où ils se croient
arrivés au premier rang, voient s’élever tout à coup
un brillant génie qui les écrase. Dans leur rage, ils
broieraient le fer et ne reculeraient devant aucune
espèce de vengeance ; car la honte d’être égalés en
mérite par des enfants qu’ils ont vus naître leur paraît
le plus horrible des supplices. C’est qu’ils ignorent
les immenses progrès que peuvent faire des
jeunes gens soutenus par une volonté forte et des
études consciencieuses suivies dès l’enfance ; tandis
que les vieillards impuissants, tiraillés par la peur,
l’orgueil et l’ambition, deviennent ineptes et stupides,
font le pire lorsqu’ils croient faire le mieux,
et reculent lorsqu’ils croient avancer. Envieux et obstinés,
ils se refusent à reconnaître la perfection des
œuvres de leurs heureux rivaux, si évidente qu’elle
soit ; et s’ils redoublent d’efforts pour montrer leur
science, ils n’enfantent que des œuvres ridicules et
dignes de pitié.