Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/791

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légendaires et les récits passionnés des poètes. C’était un véritable enivrement ; impression première, dont nous pouvons difficilement nous rendre compte aujourd’hui que l’art a tant fait pour nous, mais qu’on ne peut pas non plus révoquer en doute. Venantius Fortunatus, le saint évêque de Poitiers, inaugure dans ses poèmes les vitraux de la basilique de Childebert, et préconise tous les évêques qui s’efforcent d’orner ainsi leurs églises. Probablement les plus signalés exemples en avaient été fournis par saint Waast, saint Léonard, saint Yrieix et le pieux cortége de saint Éloi, ce vieil ouvrier du Limousin, le pays des émaux, depuis lui jusqu’à Nouaillier et Léonard, le grand émailleur de François Ier. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que saint Willibrod, qui bâtit la cathédrale d’Utrecht, saint Willehade, qui bâtit celle de Brême, saint Oïnfride et presque tous les autres compagnons de Boniface dans l’apostolat du Nord, peignaient de leurs mains les vitraux des églises dont ils remplirent la Frise, la Thuringe, la Bavière et la Saxe converties. Ils avaient appris les secrets et tous les procédés de cet art en Angleterre, leur patrie, où des maçons français, appelés par l’abbé de Virmouth, l’avaient importé en 675. Les Italiens semblent n’avoir reçu cette communication, ou du moins n’en avoir tiré parti, que vers la fin du huitième siècle. En effet, le pape Léon III paraît avoir été le premier qui y ait songé pour l’église de Saint-Jean-de-Latran. Ainsi donc la coloration du verre, ce secret de toute antiquité, qui avait bien pu aboutir, si on veut, à quelques essais