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SIMONE CRONACA,

ARCHITECTE FLORENTIN.

Que de génies capables d’enfanter des chefs d’œuvre n’avorteraient point, s’ils étaient accueillis et soutenus par des protecteurs éclairés ! Trop souvent, hélas ! les puissants pèchent par ignorance ou mauvais vouloir ; s’ils désirent construire quelque grand édifice, ils ne s’inquiètent nullement de chercher un architecte habile et d’un esprit élevé, ils confient leur honneur et leur gloire à de certains larrons dont les ouvrages n’appellent que la honte et le mépris. Ces singuliers Mécènes rejettent les bons dessins, pour accueillir les plus misérables productions de l’esclave intrigant qui aura su captiver leur faveur par de plates flatteries. Alors la sottise de l’ouvrier s’attache au nom du protecteur ; car, pour les hommes judicieux, l’artiste et celui qui le fait opérer, s’unissant dans l’œuvre, ne font qu’un, si l’on peut s’exprimer ainsi. Si, au contraire, un prince, si peu intelligent qu’il soit, se rencontre avec des hommes, de haut mérite et de jugement, sa renommée, protégée par les édifices qu’il a laissés,