Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/819

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l’architecture toscane. Pour cela faire, il faut jeter mi coup d’œil sur le caractère inhérent à cette architecture, et se demander les raisons qui lui ont fait affecter ce caractère plutôt qu’un autre. Nous croyons être en mesure de les trouver. La nature des matériaux propres à bâtir, qui se présentent dans un pays, déterminent assurément leur mode d’appareillement, au moins dans les constructions d’utilité pure, qu’on élève naïvement, sans se préoccuper d’aucune imitation. De ces lois ou plutôt de ces exigences de l’appareillement, il s’ensuit bientôt un système tout entier de construction ; système qui ne laisse pas de réagir puissamment plus tard sur la conception des monuments où l’on cherche à faire entrer ce qu’on appelle le goût et le style. On bâtira certainement à Paris, sur un sol calcaire qui offre à profusion le moellon et le plâtre, autrement qu’à Florence, sur un sol granitique ; et si, à Paris, de la construction la plus simple et la moins prétentieuse on a été amené naturellement jusqu’à l’érection des édifices les plus importants et qui demandent le plus de recherche, on aura dù rencontrer une autre physionomie et d’autres formes architecturales qu’à Florence. Nous ne disons point que cela ait été pleinement, mais nous disons que cela aurait dû être, si notre art national avait suivi sa pente originelle et ne s’était pas altéré dans ses plagiats. La Toscane donc, pour y revenir, est jonchée de masses énormes de rochers à découvert, qui permettent aux constructeurs, sans trop d’efforts et de dépense, de faire tailler les blocs les plus grands, et les colonnes