Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/123

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fils de noble et vertueuse femme, et de Lodovico Buonarroti Simoni, issu, dit-on, de la très ancienne et très noble famille des comtes de Canossa  (3). De bénignes constellations présidèrent à la naissance de cet enfant, et semblèrent présager les chefs-d’œuvre qu’il devait créer. Lodovico Buonarroti était alors podestat de Chiusi et de Caprese, près de Vernia, diocèse d’Arezzo, où saint François reçut les stigmates. Lorsque le terme de sa charge fut expiré, Lodovico revint à Florence, et mit le nouveau-né en nourrice à trois milles de cette ville, à Settignano, où il possédait un domaine, héritage de ses pères. Settignano est un pays abondant en carrières qui ont attiré une assez nombreuse population de tailleurs de pierre et de sculpteurs. Michel-Ange eut pour nourrice la femme d’un de ces ouvriers ; ce qui lui fit dire, un jour, en plaisantant, à Vasari : « Giorgio, si j’ai quelque chose de bon dans l’esprit, je le dois à la vertu de l’air d’Arezzo votre pays, de même que je dois au lait que j’ai sucé les ciseaux et les maillets dont je me sers pour exécuter mes figures. »

Lodovico Buonarroti, grâce à la fécondité de sa femme, voyait tous les ans augmenter sa famille ; mais comme il n’en était pas ainsi de sa fortune, il se trouva forcé de placer ses fils dans le commerce ou la fabrique de draperies et de soieries. Quant à Michel-Ange, il l’envoya étudier la grammaire chez Francesco d’Urbin ; mais un goût inné pour le dessin, chez le jeune élève, le portait à employer en cachette, à satisfaire son penchant,