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j’ai peints ne portaient point d’or dans leur temps ; ce ne furent point des riches, mais de saints personnages qui méprisaient les richesses. » Michel-Ange reçut en plusieurs fois trois mille écus pour cet ouvrage, et dut en dépenser vingt-cinq pour ses couleurs.

La nécessité prolongée où s’était trouvé Michel-Ange, d’avoir pendant le temps de son travail les yeux portés en haut, lui avait tellement affaibli la vue, qu’encore plusieurs mois après il ne pouvait regarder un dessin, ni lire une lettre sans élever l’objet au-dessus de sa tête. Le même accident m’arriva après avoir peint cinq plafonds des grands appartements du duc Cosme, et je n’aurais jamais été capable de les mener à fin, si je n’eusse fait confectionner un siège sur lequel je pouvais me coucher et avoir la tête appuyée ; je ressens encore souvent des douleurs dans la tête, et je suis étonné que Michel-Ange ait résisté à de si grandes fatigues ; mais cet homme avait un courage qui doublait ses forces.

Maintenant nous allons donner la description de ces admirables fresques. La sommité de la voûte (ou ce qu’il faut en appeler le plafond) représente une suite de sujets tirés de l’Ancien-Testament ; les douze pendentifs renferment des Sibylles et des Prophètes de six brasses de hauteur, et les parties circulaires inscrites au-dessous, dans les espaces qui surmontent les fenêtres, offrent une troisième série de sujets moins importants.

Les tableaux qui occupent la longueur du pla-