Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/198

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accablé de maux, au milieu de ce monde trompeur et méchant. Il est vrai que la majeure partie de moi-même l’a déjà suivi, et tout ce qui me reste n’est plus que misères et que peines. Je me recommande à vous. »

Sous Paul IV, Michel-Ange travailla aux fortifications de Rome, en plusieurs endroits, avec Salustio Peruzzi (119), à qui l’on avait confié l’exécution de la principale entrée du château Saint-Ange, aujourd’hui à moitié ruiné. Michel-Ange fut aussi chargé de distribuer les statues de cet édifice, et de corriger les modèles des sculpteurs. À cette époque, l’armée française s’étant approchée des murs de Rome, notre artiste se crut en danger dans cette ville, et se retira secrètement dans les montagnes de Spoleto, où il visita quelques ermitages, avec Antonio Franzese de Castel-Durante, son nouveau serviteur, que lui avait laissé en mourant le fidèle Urbino. Je lui envoyai un exemplaire d’un livre de Carlo Lenzoni, citoyen de Florence, que venait de faire imprimer Cosimo Bartoli (120). Bientôt il me répondit :

« Messer Giorgio, mon cher ami, j’ai reçu le petit livre de Messer Cosimo, que vous m’avez envoyé. À ma lettre j’en joins une de remercîments que je vous prie de lui remettre. J’ai visité ces jours-ci, avec beaucoup de fatigues et de dépenses, mais aussi avec bien du plaisir, les ermitages qui sont dans les montagnes de Spoleto. Je n’ai pas rapporté à Rome la moitié de moi-même, parce