Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’est présenté, et nous l’envisagerons d’abord comme peintre. L’histoire ne lui a trouvé aucun maître, au moins jusqu’au moment de sa carrière où il vint à Rome, et tout porte à croire que, comme le Corrége, il n’en eut d’autre que le seul instinct de l’art : trop d’écrivains se fussent empressés de lui en assigner un, suivant le préjugé général qui n’admet pas qu’on puisse s’en passer. Cependant ils ont reculé devant l’invention gratuite d’un premier maître pour Baldassare. C’est seulement à Rome qu’on commence à interpréter son talent, en le faisant dépendre des leçons de Raphaël. Mais on oublie, pour cela, ses ouvrages de Sienne et de Volterre, dans lesquels il fut si heureux, et se fit tellement remarquer, que le peintre d’Alexandre VI lui proposa de le conduire à Rome, pour l’associer à ses travaux dans le Vatican. On oublie encore sa Madone au charbon, qui excita tant d’admiration dans l’atelier du père de Maturino, et qui lui amena la commande des fresques de Sant’-Onofrio, de San-Rocco, et du château d’Ostia ; entreprises qui complétèrent sa réputation à Rome, avant que Raphaël n’y fût appelé par Jules II. Et puis, n’est-il pas avéré que Baldassare Peruzzi fut un de ceux qui joignirent utilement leur crédit à celui du Bramante, pour déterminer Jules II à renvoyer les peintres occupés au Vatican, et à faire venir Raphaël de Florence, pour le mettre à leur place ? Peruzzi exerçait donc déjà cette influence, et cependant ne s’était pas encore occupé d’autre chose que de peinture ; c’est assez dire qu’on ne peut pas le compter parmi les