Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/454

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ou parasite, sécher, ou étouffer, qui pis est, le bon grain prêt à germer. Dans cet immense concert, qui module la beauté sur tous les accents, elle ne sera qu’une note inutile ou discordante qu’il importera de supprimer.

Cela va bien ; mais dans quel non-sens ces grands discoureurs s’évertuent-ils, s’il est constant que dans les arts personne encore n’a pu définir et caractériser la vocation ? Car, si nous avons bien lu nos auteurs sur ce chapitre, on s’est borné jusqu’à ce jour à paraphraser la boutade du grand Léonard. Un tel homme avait bien le droit de fournir substance à de gros traités par une seule parole ; il avait bien le droit de se permettre de la lâcher rude et dédaigneuse, et ce n’est pas, certes, à lui que nous nous en prendrons. Le peintre doit être universel ! À notre connaissance, Vitruve en a dit autant de l’architecte, Hippocrate du médecin, Quintilien de l’orateur ; et si notre littérature était plus vaste, nous citerions facilement qui l’a dit encore du philosophe et de l’administrateur, du général et du légiste, du poète et de l’astronome, du chimiste et du géographe, et de tant d’autres.

Que d’hommes universels à trouver, mon Dieu ! Heureusement que, les désirant toujours, d’ordinaire on s’en prive. Déjà même, pour moins s’apercevoir de leur absence, on coupe et recoupe judicieusement tous les univers de la science humaine en spécialités si petites, que le premier venu, bientôt, pourra les remplir et s’y trouver à l’étroit.

En dehors de l’universalité que demandait Léo-