Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/48

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achevèrent beaucoup de choses que Raphaël en mourant avait laissées imparfaites ; ils se disposaient même à peindre d’après ses cartons destinés à la grande salle du Vatican, où déjà il avait commencé quatre sujets tirés de l’histoire de l’empereur Constantin, et où il avait préparé un enduit pour peindre à l’huile, lorsqu’ils s’aperçurent qu’Adrien n’aimait ni la peinture, ni la sculpture, et ne se souciait point que cet ouvrage fût terminé.

Tant que vécut Adrien, peu s’en fallut que Jules Romain, le Fattore, Perino del Vaga, Jean d’Udines, Sebastiano de Venise, et d’autres grands maîtres, ne mourussent de faim. La consternation régnait parmi les courtisans accoutumés aux libéralités et à la magnificence de Léon X, et les artistes songeaient tristement à l’avenir, en voyant toute espèce de talent plongé dans l’oubli, lorsque, par la volonté de Dieu, la mort vint frapper Adrien. Le cardinal Jules de Médicis lui succéda sous le nom de Clément VII, et en un moment tous les arts commencèrent à renaître.

Jules et le Fattore s’occupèrent aussitôt, par l’ordre du pape, d’achever la salle de Constantin. Ils débutèrent par faire jeter à bas l’enduit que Raphaël avait préparé pour peindre à l’huile ; mais ils conservèrent deux figures, dont l’une représente la Justice, et l’autre la Douceur, qu’ils avaient eux-mêmes peintes à l’huile quelque temps auparavant (5). Dans cette salle, Raphaël avait placé, au-dessus de toutes les portes, de grandes niches ornées d’enfants qui tenaient des lys, des diamants, des plumes, et