Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/495

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tique, et découvrit le mode d’arriver avec diverses couleurs aux effets que d’autres n’obtiennent qu’à l’aide du blanc qui a l’inconvénient de sécher l’enduit et de détruire toute harmonie par son trop vif éclat.

Quand le Pordenone, par un long exercice, eut découvert les secrets de la fresque, il retourna à Udine, où il fit dans le couvent de San-Pier-Martire, sur l’autel de la Nunziata, un tableau à l’huile qui représente Dieu le Père entouré de petits anges, et envoyant le saint Esprit vers la sainte Vierge à laquelle l’ange Gabriel annonce sa mission céleste. Cet ouvrage, d’un dessin gracieux et plein de vigueur et de relief, est regardé par les connaisseurs comme le meilleur qu’ait jamais produit notre artiste. Il peignit encore à l’huile sur le parapet de l’orgue de la cathédrale, au-dessous des volets décorés par Pellegrino, un épisode de l’histoire des saints Ermagoras et Fortunat. Puis, afin de gagner l’amitié des signori Tinghi, il orna la façade de leur palais d’une fresque, où il introduisit diverses ordonnances architecturales qui témoignent de son talent dans ce genre de décoration. Au milieu de niches contenant des statues, et entre deux compartiments de forme étroite et allongée, il ménagea un carré dans lequel il plaça une colonne corinthienne, dont le piédestal est baigné par les flots. Elle est soutenue à droite par une sirène, et à gauche par un Neptune nu. Son chapiteau est surmonté d’un chapeau de cardinal ; c’est, dit-on, la devise de Pompeo Colonna, intime ami des maîtres de ce palais. Les deux autres compar-