Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/513

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Voici maintenant un de ces ouvriers de Florence que Raphaël aimait à employer, à diriger et à pourvoir, dans sa bienveillante sollicitude et dans sa large sympathie.

Par ce nouvel exemple, on le voit encore, tous ces talents auxiliaires participaient pleinement à la science et au talent des maîtres. Comme nous l’avons dit ailleurs, dans ces beaux temps, dans ces temps d’éducation sûre et forte, la science était propre à chacun et commune à tous. Il n’y avait alors, entre les hommes d’un talent et d’un acquis en quelque sorte égaux, d’autre différence, d’autre supériorité que celle du génie, du tempérament, de la volonté et de la fortune. Ils parlaient une langue commune ; et chacun, dans son rang et à son lieu, était compris et comprenait. Beau temps d’unité, où les faibles et les forts se servent mutuellement, et s’organisent pour la production sans envie et sans dédain. Quant à Lorenzetto, il suffit, pour savoir que ce dut être un homme méritant, du double témoignage de notre auteur, qui nous raconte comment il vint demander à Raphaël ses inspirations et se mettre sous son aile, et comment celui-ci, en mourant, désirait une statue de la main de son disciple sur son propre tombeau.

Quant à l’artiste de Crémone dont le Vasari ajoute ici, on ne sait trop pourquoi, la biographie, il convient de donner sur lui quelques éclaircissements. Notre auteur, en reprochant à cet homme son indiscrétion et son envie, a soulevé l’animadversion des Lombards, qui le regardent à juste titre comme