Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/538

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loin de se faire prier, il devait plutôt solliciter avec instance ce qu’on avait la bonté de lui offrir. Du reste, en cas de refus, ajoutait le sacristain, on a sous la main le Franciabigio, qui a proposé ses services aux conditions que l’on voudra lui dicter. Toutes ces raisons étaient bien de nature à ébranler l’esprit déjà si faible d’Andrea del Sarto ; mais il céda surtout devant ce que le sacristain lui dit du Franciabigio, et il se lia par un traité écrit qui le préservait de toute concurrence. Le rusé sacristain, ayant embarqué de la sorte notre bon Andrea, lui avança quelque argent, et voulut qu’il continuât immédiatement la Vie de saint Philippe. Il n’avait fixé le prix de chaque tableau qu’à dix ducats, jurant encore qu’il donnait du sien, et qu’il agissait moins dans l’intérêt du couvent que dans celui d’Andrea. Notre artiste, qui songeait à l’honneur plus qu’au solide, se mit à la besogne avec ardeur, et en peu de temps termina trois sujets qu’il découvrit aussitôt. Le premier représente saint Philippe vêtissant un pauvre, et le second le Châtiment de quelques joueurs qui blasphémaient Dieu et tournaient en dérision les réprimandes de saint Philippe (3). La foudre tombe du ciel, frappe un arbre sous lequel se tenaient ces réprouvés, tue deux d’entre eux et jette les autres dans la plus incroyable épouvante. Les uns, se saisissant la tête à deux mains, se précipitent en avant ; ceux-là prennent la fuite en poussant des cris. Une femme éperdue se sauve avec tant de naturel qu’elle paraît vivante. Au milieu de