Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/545

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en bois, à l’instar de ceux des anciens Romains, les drapeaux et les cierges que les villes et les forteresses offraient en guise de tribut au duc et aux magistrats principaux, le jour de la Saint-Jean. On construisit alors dix chars, et Andrea en orna quelques-uns de sujets à l’huile et en grisaille qui furent très-admirés. Chaque année, on devait augmenter le nombre de ces chars jusqu’à ce que le moindre château eût le sien, ce qui aurait été d’une magnificence extraordinaire ; mais malheureusement on renonça à ce projet, l’an 1527. Tandis qu’Andrea enrichissait ainsi Florence de ses productions, et que sa renommée grandissait chaque jour, la confrérie dello Scalzo résolut de lui confier l’achèvement de la décoration de la galerie où il avait déjà peint le Baptême du Christ. Andrea se remit à l’œuvre avec joie : il orna la porte d’entrée de deux belles figures de la Charité et de la Justice, puis il fit deux tableaux, dont l’un représente saint Jean prêchant devant la foule. Le précurseur, dont la maigreur atteste la vie austère, est dans une attitude pleine de fierté ; son visage respire un brûlant enthousiasme. Les auditeurs témoignent par leurs gestes, avec une merveilleuse énergie, l’admiration et l’étonnement que leur cause la nouvelle et gublime doctrine qui frappe leurs oreilles. Mais Andrea déploya encore plus de talent dans son second tableau, où l’on voit saint Jean baptisant la multitude. Les uns se dépouillent de leurs vêtements, les autres reçoivent le baptême, ceux-là attendent que ce soit leur tour d’être baptisés, et tous sont