Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/597

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Or, les notions générales retenues successivement par l’homme, lorsqu’il prend connaissance d’unobjet par la vue, sont d’abord : la portion d’espace occupé ou le volume, la forme ; puis la manière dont cet espace se distingue du reste par l’action de la lumière, ou la couleur locale et typique. Ensuite et au demeurant, l’impression qui reste dans l’esprit est vague et pour ainsi dire abstraite, quoique la connaissance soit acquise. Ce qui le prouve, c’est que, si l’on pouvait matérialiser l’empreinte que l’intelligence a gardée, on ne retrouverait pas de points de repère suffisants pour reconstruire une image qui pût produire un effet analogue à celui de la nature : on aurait une reproduction en quelque sorte mnémonique, une indication, mais non une apparence ; car l’œil, pendant le travail de la vision simple, perçoit, non seulement toutes les parties visibles de l’objet qu’il regarde, mais encore il devine à l’aide du jugement celles qui lui sont cachées. L’instinct pousse forcément à envisager l’objet sous tous ses aspects, et à le faire par induction quand il y a impossibilité matérielle d’y parvenir autrement. Or, dans la connaissance acquise d’un objet par l’action simple et générale de la vue, ces éléments d’observation doivent se retrouver, et y jeter à la fois la netteté comme idée, et le vague comme image dont nous parlions tout à l’heure. Ainsi, par exemple, lorsqu’on regarde une sphère, quoique réellement on n’en voie que la moitié, on en retient cependant l’idée d’un corps tout à fait rond. Si cette sphère est coloriée de rouge et de bleu, par exemple, on aura