Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/601

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compte des différences produites ainsi dans l’aspect des corps. Pour cela, il analysera les éléments de l’aspect, c’est-à-dire l’effet, sur les corps, des influences extérieures. Les influences sont la lumière et la distance. Leurs effets expliquent et modifient la forme et la couleur, harmonient et distinguent à la fois les objets entre eux. La lumière, dans le cas le plus général, part d’un centre unique, et éclaire alors inégalement toutes les diverses parties d’un corps. Cette variété d’intensité produit les ombres, les demi-teintes et les reflets, qui altèrent eux-mêmes et modifient, par leurs actions combinées, la couleur réelle des corps. L’effet simultané de la lumière et de la distance lie donc d’une manière intime la forme et la couleur, aussitôt qu’on les considère comme éléments organiques de la physionomie d’un objet sous un aspect donné. Si donc l’homme considère les corps, non pas seulement en eux-mêmes, mais quant à leur apparence et à leurs rapports respectifs, il est obligé de faire entrer, dans la reproduction de cette sensation nouvelle et perfectionnée, l’expression de la forme, de la couleur et de la distance. Là commence l’art pittoresque. De l’intention formelle d’envisager un objet dans une circonstance définie, produite par des influences générales, découle la nécessité du point de vue fixe et immuable pour l’observation, de l’unité et de l’agencement pour l’œuvre. Si le point de vue change, l’aspect change aussitôt. Le même objet, quelque isolé, quelque restreint qu’il VI. I 2