Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/637

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en être écrasé. Les Jules Romain, les Cellini, les Bandinelli, les Jean de Bologne, les Sebastiano del Piombo, les Tintoret, les Paul Véronèse, les Sangallo, les Parmesan, les Daniel de Volterre, et bien d’autres encore, s’ils ne peuvent précisément se mettre au rang de leurs devanciers, n’en sont pas moins des hommes du premier ordre, et que personne ne peut accuser d’avoir dégénéré. Michel-Ange de Sienne est avec ces hommes-là. Ce n’était point sans doute une raison pour le confondre, comme on l’a fait plusieurs fois, avec son formidable homonyme de Florence. Cependant, si, dans ces derniers temps et en bon lieu, on s’était simplement trompé en attribuant au grand Buonarroti quelques précieuses figurines de l’intelligent Siennois, nous aurions trouvé cette confusion assez naturelle, et nous n’aurions pas attaché grande importance à la relever ; mais la confusion qu’on a faite des deux Michel-Ange a eu sa racine dans une étourderie plus blâmable et de pire conséquence ; car, de cette légèreté, il n’en résulte pas moins de deux inconvénients fort graves : d’abord les bons et loyaux témoignages donnés par Cellini dans ses mémoires en faveur de Michel-Ange de Sienne sont mis à néant et ne profitent pas au souvenir que l’on doit garder le plus religieusement qu’on peut d’un homme de talent, surtout quand les traverses de la vie ont nui à sa célébrité ; et ensuite ces confidences de Cellini, dans leurs parties scabreuses et indiscrètes, pour n’avoir pas été comprises, viennent indûment jeter un doute injurieux sur la gloire