Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/646

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et de la pouzzolane. Giovanni essaya de cette méthode pour obtenir des figures en bas-relief ; mais ses épreuves n’avaient ni cette finesse ni cette blancheur qui distinguaient les stucs antiques. Il pensa alors qu’il était nécessaire de mêler quelque matière blanche avec de la chaux de travertin au lieu de pouzzolane. Après diverses expériences, il se servit donc de travertin pilé, qui lui donna un résultat qui l’aurait complètement satisfait, si le grain n’eût point présenté encore une teinte jaunâtre et trop d’inégalités. Enfin, la poussière du marbre le plus blanc qu’il put rencontrer, broyée, passée au tamis et mélangée avec de la chaux de travertin blanche, lui fournit le véritable stuc antique. Transporté de joie, Giovanni communiqua sa découverte à Raphaël, qui construisait alors les loges du Vatican par l’ordre du pape Léon X. Raphaël chargea aussitôt notre artiste d’enrichir toutes les voûtes de ces loges de magnifiques ornements en stuc, entourés des grotesques les plus beaux, les plus capricieux, les plus variés, les plus fantastiques que l’on puisse imaginer. Giovanni exécuta ses stucs en demi-relief et en bas-relief, et les entremêla de figures, de paysages, de fleurs et de fruits, où il déploya presque toute la magie dont l’art est capable. Dans cet ouvrage, non-seulement il égala les anciens, mais il les surpassa, autant qu’il est permis d’en juger par les monuments qu’ils nous ont légués : la beauté de son dessin, la richesse de son invention et de son coloris, aussi bien dans ses stucs que dans ses peintures, laissent incontestablement bien loin en arrière