Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/695

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pu faire déjà, appuiera ce que nous proposons d’établir, touchant l’organisation des ateliers anciens et les incomparables avantages de leur enseignement. — Polydore de Caravage est un grand maître. L’admiration que le vasari professe pour ses œuvres n’a rien d’exagéré, si l’on consent à ne pas prendre au pied de la lettre l’exclamation hyperbolique que lui arrache l’empressement avec lequel les artistes de son temps copiaient à l’envi les inventions décoratives. Cet immense concours de reproducteurs studieux qui égare ici la bonne foi de notre auteur s’explique facilement. Polidore et Mathurin doivent être comptés parmi les premiers et les plus actifs promulgateurs des combinaisons décoratives dans les travaux de Léon X, combinaisons si riches et si heureuses, que les praticiens de toute l’Europe accoururent à Rome pour s’en approprier le caractère, les motifs et les moyens. Ces combinaisons sont encore en grand crédit. On n’a point cessé de les exploiter à des degrés différents, avec plus ou moins de convenance et de succès. Mais, comme elles sont répandues dans tous les pays par une foule d’imitations, par les dessins et par les gravures ; comme une notable partie des œuvres primitives a été abolie ; comme les décorateurs, d’ailleurs, voyagent peu aujourd’hui, et ne sont pas tous versés dans les documents de l’histoire de leur art, Polidore et Mathurin ont beaucoup perdu de leur influence nominale. Quant à leur influence effective, même sur les travaux actuels dans leur genre, elle est énorme et incontestable.