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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/717

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las avec un soin qui mérite les plus grands éloges (2), À San-Pier-Maggiore, il laissa une seconde Annonciation où l’on admire la gracieuse attitude de la Vierge agenouillée, et la beauté des ornements d’architecture. Les Servites le chargèrent ensuite de peindre, en concurrence d’Andrea del Sarto, dans la cour de leur église, le Mariage de la Vierge. Saint Joseph, en épousant Marie, témoigne une vive allégresse mêlée d’une crainte respectueuse. Non loin de lui un homme nu brise avec dépit sa verge qui n’a pu fleurir. J’ai, dans ma collection, le dessin original de cette figure. La Vierge est entourée de plusieurs femmes dont les coiffures sont d’une rare élégance. Enfin, il n’y a rien dans cette composition qui ne soit parfaitement entendu ; comme, par exemple, cette femme qui s’en va avec un enfant sur son bras après avoir infligé une correction maternelle à un petit mutin qui, assis à terre, refuse de marcher et pleure en se cachant le visage dans ses mains. Franciabigio traita avec amour les moindres détails de ce tableau, afin, sans doute, de montrer aux artistes et aux connaisseurs comment il savait aborder et vaincre les difficultés de l’art.

Il avait encore à faire quelques retouches à cette fresque, lorsque, à l’occasion d’une fête solennelle, les religieux eurent la sotte témérité de la découvrir ainsi que celle d’Andrea del Sarto, pensant, comme des ignorants, que l’artiste n’avait plus aucun changement à y opérer. En apprenant cette nouvelle, Franciabigio fut saisi d’une telle douleur qu’il faillit en mourir, puis, furieux de l’impertinence de