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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/746

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du coloris et le fini du travail, était autrefois chez Luigi Gaddi, qui a dû la transmettre à ses héritiers.

Le signor Lorenzo Cibo, capitaine de la garde du pape, ayant entendu vanter le mérite de notre artiste, lui commanda son portrait qui est plutôt vivant que peint. Francesco eut ensuite à faire, pour Madonna Maria Bufalina de Città-di-Castello, un tableau destiné à une chapelle de San-Salvatore-del-Lauro (5). Il y représenta la Vierge avec le Christ enfant dans une gloire, et en bas saint Jérôme endormi, et saint Jean, un genou en terre et tendant les bras vers le Sauveur. Par malheur l’achèvement de cet ouvrage fut arrêté, l’an 1527, par le sac de Rome qui, non seulement mit les arts en fuite pendant un temps, mais encore causa la mort de bien des artistes. Peu s’en fallut que Francesco lui-même n’y perdît la vie. Lorsque le pillage commença, il était absorbé par son travail au point qu’il ne put en être distrait par le bruit que firent des Allemands en envahissant sa maison. Ces soldats pénétrèrent dans son atelier, et restèrent tellement stupéfaits de sa tranquillité et de la beauté de son tableau, qu’ils le laissèrent continuer en braves gens qu’ils étaient. Ainsi, pendant que la rage impie des barbares dévastait la pauvre ville, et s’attaquait aux choses sacrées et profanes sans respect à Dieu ni aux hommes, Francesco fut admiré et protégé par ces Allemands. Pour toute rançon, il donna à l’un d’eux, qui était grand amateur de peinture, une foule de dessins à la plume et à l’aquarelle. Mais, un peu plus tard, il faillit ne pas se tirer aussi heureusement d’embarras.