Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/824

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

effroyable, telle que la décrit Ovide, compléta cette composition. Lorsque le Vinci eut jeté en bronze son modèle, tout le monde s’accorda pour lui prodiguer les plus grands éloges (3).

Le duc Cosme travaillait alors à l’embellissement de la ville de Pise. Déjà même il avait restauré et entouré de nombreuses boutiques la place du Marché, au centre de laquelle il avait élevé une colonne haute de dix brasses, qui devait être surmontée d’une statue de la Richesse. À la prière de Luca Martini, Son Excellence, qui désira toujours aider et pousser en avant les hommes de mérite, confia l’exécution de cette statue au Vinci, qui s’acquitta de sa tâche à la satisfaction générale. Aux pieds de la Richesse il mit un jeune enfant tenant une corne d’abondance. Ces figures sont en travertin, et, malgré la rudesse de cette pierre, sont traitées avec une facilité extraordinaire.

Luca Martini envoya ensuite chercher à Carrare un bloc de marbre haut de cinq brasses et large de trois, dans lequel le Vinci avait dessein de sculpter im Samson tuant un Philistin avec une mâchoire d’âne, sujet qui lui avait été suggéré par une ébauche de Michel-Ange. Pendant que le marbre était en route, il fit plusieurs modèles différents, à l’un desquels il s’arrêta. Lorsque son bloc fut arrivé, il l’attaqua avec ardeur, et suivit les procédés de Michel-Ange pour en tirer peu à peu ses figures sans commettre d’erreur. Il réussit à vaincre les plus grandes difficultés ; mais comme ce travail était extrêmement pénible, il entreprit des ouvrages moins im-