Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/139

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statue dans le temple de Vénus. Ne savons-nous pas qu’Arétée fut dans les difficultés de la philosophie la maîtresse du savant Aristippe ? Oublierons-nous Lastinia et Assiotea, les disciples du divin Platon, et Hortensia et Sempronia, ces éloquentes Romaines ? Thémis, Gassandre et Manto furent renommées pour leur science dans l’astrologie et la magie. Isis et Cérés ont donné naissance à l’agriculture. Du reste, à quoi bon remonter si haut ? De nos jours n’avons-nous pas la signora Vittoria del Vasto, la signora Veronica Gambara, la signora Caterina Anguisciola, la Schioppa, la Nugarola, Madonna Laura Battifera, et cent autres qui se sont illustrées par leur profonde connaissance des langues italienne, grecque et latine ? Combien d’entre elles, pour nous enlever la palme du génie, n’ont pas craint de blesser leurs douces et blanches mains en attaquant le marbre avec le ciseau et le marteau, comme notre contemporaine Properzia de’ Rossi, cette jeune et belle Bolonaise, dont les nombreux talents furent un objet d’envie non seulement pour les femmes, mais encore pour les hommes ! Aucune de ses concitoyennes n’aurait été capable de lui disputer le prix du chant et de la musique ; douée d’une adresse et d’une patience merveilleuse, elle s’amusait à tailler des figures d’une délicatesse et d’une élégance extrême sur des noyaux de pêche. Elle cisela de la sorte sur un seul noyau la Passion du Christ, avec les apôtres, les bourreaux et une infinité de personnages. Mais ces choses n’étaient que le prélude d’importantes entreprises. Bientôt Properzia se sentit assez forte