Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/150

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la pauvre Properzia ait eu l’âme adultère, par cela seul qu’elle fut une grande artiste. Le temps est décidément passé pour nous où le plat puritanisme des gens médiocres présentait, dans les lieux communs de leur prédication jalouse, la supériorité des talents comme un gage d’infériorité morale. Ces sorties banales contre la grandeur intellectuelle ne nous imposent plus. Elles nous imposent d’autant moins que nous nous sentons éloignés d’engager notre foi dans des prétentions d’un ordre opposé, et qui nous paraissent aussi dangereuses et aussi attentatoires à la dignité humaine. Nous ne voulons d’aristocratie nulle part. Toutes les natures sortant des mains de Dieu, et dotées par lui, nous semblent bonnes et nobles en elles-mêmes ; et les éducateurs qui, jusqu’à présent, n’ont su que gâcher et déprimer, nous paraissent bien osés dans leurs jugements, soit qu’ils veuillent faire suspecter les unes à cause de leur force, ou subalterniser les autres à cause de leur faiblesse. Toujours est-il que c’est bien gratuitement qu’on nous présente les études comme un empêchement aux devoirs, et les progrès comme de mauvais gardiens des principes. Les femmes distinguées par leur savoir, et dont les mœurs sont à blâmer, n’eussent pas été préservées par leur ignorance ; et en ceci je crains bien qu’à notre insu nous n’ayons plutôt la peur du bruit que la haine du vice. D’une personne éminente par le talent tout se remarque, rien ne tombe en oubli ; or, la famille n’aime guère à compter avec le public et à ne pas rester libre de cacher les fautes de ses enfants ; mais