Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/154

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On ne comprend rien sans d’abord l’avoir étudié. L’étude de la peinture nous semble en particulier tout à fait à la portée des femmes. La peinture embrasse nombre de branches du goût et de l’ornementation qui permettent un travail modeste et sédentaire, et où de délicates aptitudes et une douce humeur peuvent s’éprendre et se satisfaire. Par là, notre art, dans plusieurs de ses plus intéressantes combinaisons, peut s’allier avec la vie intérieure la plus tranquille et la plus rangée, ce qui ne veut pas dire que, dans ses plus larges extensions, il ne puisse encore conserver aux femmes leur honneur et toutes leurs vertus.

Eh ! pourquoi hésiterions-nous à dire ici un mot sur la difficulté la plus grande, sur celle qui surtout effraie les familles et dispute à l’art les sujets les plus précieux, à celle qui se rattache au cours des études transcendantes du dessin ? Sortirions-nous de la convenance, et dépasserions-nous nos droits et nos engagements ? Nous avons promis de suivre notre auteur dans les discussions graves que sa lecture soulève, et ses regrets sur le talent aussi élevé qu’incomplet de sœur Plautilla marquent suffisamment la nécessité de quelques réflexions, à propos des études d’après le modèle. Elles répugneront toujours probablement à la plupart des femmes. Cependant chaque métier, chaque objet, chaque créature, a son côté de dégoût et son côté de charme, sa répulsion et son attrait ; on pourrait dire son côté indécent et son côté honnête. Cette dualité, qui est le phénomène le plus mystérieux et le moins