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Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/360

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cette entreprise au Tasso, suivant le conseil de Messer Pier Francesco, son majordome. Il est vrai de dire que le Tribolo, tout en ne soufflant mot, et tout en ne cessant pas de témoigner beaucoup d’amitié au Tasso, n’était point d’avis de transformer en architecte ce menuisier. Le Tribolo reconnut dans le modèle du Tasso une foule d’erreurs, mais il se garda bien de l’en avertir. Le Tasso construisit pour Messer Pier Francesco la porte de l’église de San-Romolo (10), et sur la place ducale une fenêtre où il employa des chapiteaux en guise de bases, et où il fit tant d’au tres balourdises, que l’on peut affirmer qu’il a commencé à raviver la manière tudesque en Toscane. Je passe sous silence les distributions aussi incommodes que disgracieuses qu’il exécuta dans les appartements du palais, et que le duc fut ensuite obligé de faire détruire. Toutes ces choses n’eurent pas lieu sans qu’il en rejaillît de la honte sur Tribolo, qui n’aurait pas dû souffrir que son prince gaspillât son argent d’une aussi déplorable façon. Il fut d’autant plus coupable que le Tasso était son ami. Les personnes sensées ne purent que blâmer la présomption et la folie du Tasso, qui voulait exercer un art qu’il ignorait, et la faiblesse et la dissimulation du Tribolo, qui approuvait, par ses paroles, ce que très-certainement il trouvait mauvais.

D’un autre côté, le Tribolo ne fut pas plus heureux que le Tasso. De même que ce dernier avait abandonné une profession où il n’avait point d’égal, pour devenir un ignorant architecte, de même le