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Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/708

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Benvenuto. Notre artiste lui obéit avec joie, car il avait un ardent désir de voir les merveilleux chefs d’œuvre de Raphaël et de Michel-Ange, qu’il entendait vanter chaque jour. À son arrivée à Rome, la grâce et l’éclat des peintures de Raphaël et la profondeur du dessin de Michel-Ange non-seulement lui causèrent une vive stupeur, mais encore le jetèrent presque dans le désespoir. Il maudissait le style lombard, et ce qu’il avait appris avec tant de peine à Mantoue, il s’en serait volontiers purgé sur-le-champ, si cela eût été possible. Faute de mieux, il résolut de désapprendre ce qu’il savait, et, de maître qu’il était, de devenir élève. Pendant deux ans, il ne s’appliqua guère qu’à dessiner les modèles les plus difficiles et à étudier une meilleure manière. Ses efforts furent couronnés d’un tel succès, que les artistes lui en tinrent compte. De plus, par les qualités de son caractère, il mérita l’amitié de Raphaël d’Urbin, qui lui enseigna beaucoup de choses et lui voulut toujours du bien. Si Benvenuto eût continué à suivre le style romain, il aurait, sans aucun doute, produit des œuvres dignes de son beau génie : par je ne sais quel événement, il fut contraint de partir pour Ferrare. Lorsqu’il prit congé de Raphaël, celui-ci lui conseilla de revenir à Rome, où il lui promit de lui donner des travaux plus qu’il n’en voudrait. Après avoir réglé ses affaires à Ferrare, Benvenuto se préparait à regagner Rome, lorsqu’il fut chargé par le duc Alphonse de décorer une petite chapelle du château, en compagnie d’autres peintres ferrarais. Il fut encore retenu