Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/129

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dance, et montrant Florence, les papes et les héros de la maison Médicis. Autour de la même salle, règne un soubassement orné de cariatides tenant des guirlandes. Francesco, désireux de léguer à sa patrie un souvenir digne de lui, exécuta cet ouvrage avec toute l’application imaginable, et, malgré les nombreuses contrariétés qu’il éprouva, il réussit à le conduire à bonne fin.

Francesco était d’un caractère mélancolique, et voulait presque toujours être seul lorsqu’il travaillait. Néanmoins, quand il commença la décoration de la salle que nous venons de décrire, il dompta son humeur et permit gracieusement au Tasso et à ceux de ses amis qui lui avaient rendu service, de le regarder peindre ; il n’épargnait même rien pour tâcher de leur être agréable. Mais à peine se crut-il solidement ancré à la cour, que son naturel bilieux et caustique reprit le dessus. Il n’eut plus d’égards pour personne, et ce qui fut pis, il se mit à critiquer amèrement les ouvrages de ses rivaux, et à élever jusqu’aux nues ses propres productions. Cette conduite irrita bien des gens, et lui valut l’inimitié du Tasso et de maints autres personnages qui ne tardèrent pas à lui susciter de sérieuses inquiétudes. En effet, tout en louant son habileté, sa facilité et sa prestesse, il leur était facile de lui trouver le défaut de la cuirasse. Et afin de ne pas lui laisser le temps de se créer une position inexpugnable, ils ne perdirent pas un moment pour l’attaquer. Ils formèrent donc aussitôt une cabale qui alla disant de tous côtés que les peintures de la salle de la chapelle ne