Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/149

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Lorsque l’on considère les causes de la décadence si rapide et si caractérisée de l’art italien, il est impossible de ne pas être profondément contristé, en voyant que, parmi celles qui ont précipité la ruine de la grande peinture, il faut mettre en première ligne la multitude de circonstances heureuses qui semblaient précisément devoir le plus contribuer à son épanouissement.

À l’époque où Vasari écrit son histoire, l’Italie n’est plus ravagée par les guerres de religion, ni troublée par les rivalités politiques. L’école puissante des Ghiberti, des Masaccio, des Léonard, s’est développée et résumée en Raphaël et en Michel-Ange. Jusqu’alors, que de luttes cruelles les artistes n’ont-ils pas eu à soutenir contre l’indifférence du pouvoir, dont l’activité et la force concentratrice ont nécessairement et fatalement tendu dans un autre sens que celui de l’art ! Jusqu’alors que de peines, que d’injustices, que de déboires les artistes n’ont-ils pas eu à supporter pour parvenir seulement à achever presque gratuitement la plupart de leurs œuvres ! Mais aussi tant d’efforts ne sont pas restés stériles pour leurs successeurs. Le prix des travaux a haussé dans une proportion énorme. À l’exemple des papes, des rois et des princes souverains, il n’est pas un mince seigneur, pas un riche bourgeois, qui ne veuille faire décorer son palais, sa maison ou sa villa, de fresques monumentales. Le nombre des commandes pour les églises, les couvents, les édifices publics et les résidences royales, est plus élevé qu’il ne l’a jamais été. À la