Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/194

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son frère Federigo, au contraire, n’en est que la charge grossière.

Pour les critiques d’art qui pâlissent sur les livres, pour les didacticiens qui ont inventé le parfait peintre, le parfait architecte, le parfait sculpteur, et autres perfections idéales, Federigo est une vigoureuse et complète organisation qui commande le respect ; c’est un artiste modèle. Comme tout parfait peintre, il est à la fois sculpteur et architecte. Son mérite et son savoir sont à coup sûr bien étendus ; car, sans sourciller, il couvre de fresques monumentales la vaste coupole de l’église métropolitaine de Florence. Sa manière est grande et large ; car il peint, sur le dôme du Brunelleschi, plus de trois cents figures hautes de cinquante pieds, et il annonce à la postérité, dans un de ses écrits, que ces figures sont les plus gigantesques qu’on ait vues jusqu’alors dans le monde.

Cosmopolite comme le Titien, Federigo est appelé et fêté tour à tour à Venise, en Espagne, en Flandre et en Hollande. De retour à Rome, il s’aperçoit que la jeunesse manque d’instruction et de bons principes. Aussitôt il rêve la fondation d’une école puissante ; mais, avant de réaliser ses projets de législateur de l’art, il veut combler une lacune immense et formuler sa théorie. Michel-Ange a été trop taciturne, Vasari trop bavard, Federigo sera substantiel. Il se prend corps à corps avec la base de la peinture, avec le dessin. Il publie, sur cette matière, un traité très-profond. C’est là qu’il analyse ses fameuses substances substantielles, qu’il décrit