Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/27

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larmes, et de l’autre côté, saint Augustin en habits épiscopaux, appuyé sur sa crosse et contemplant avec une profonde affliction le corps du Sauveur.

Dans la cour de Messer Filippo Spina, vis-à-vis de la porte principale, le Pontormo peignit deux enfants debout, tenant les armoiries de Giovanni Salviati qui venait d’être nommé cardinal par Léon X. Messer Spina, ami de Salviati, fait le plus grand cas de cette fresque.

Jacopo travailla aussi à décorer le magnifique ameublement en bois sculpté de la chambre nuptiale de Pier-Francesco Borgherini dont nous avons déjà parlé. Il y retraça, entre autres choses, sur deux coffres plusieurs beaux sujets tirés de l’histoire de Joseph. Mais, si l’on veut connaître le meilleur de ses ouvrages, celui où les têtes sont le plus vivantes, où les groupes sont le mieux distribués, où les attitudes sont le plus variées, où l’invention est la plus riche, il faut voir, dans la même chambre du Borgherini, à gauche de la porte d’entrée, une scène représentant Joseph en Égypte, recevant son père Jacob et tous ses frères. Sur le premier plan Pontormo peignit le jeune Bronzino, son élève, assis sur des marches : cette figure est merveilleusement belle. Si ce tableau, au lieu d’être de petite dimension, eût été exécuté en grand, j’oserais affirmer qu’il eût été impossible d’imaginer rien de plus parfait. Ce morceau est donc regardé à bon droit par les artistes comme la meilleure production du Pontormo, et il n’est pas étonnant que le Borgherini l’ait tenu en haute estime, et que de