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Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/33

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tient de la première manière de Jacopo. Il exécuta ensuite une Résurrection du Christ, où, dans son amour du changement, il employa un nouveau genre de coloris, mais plein de fraîcheur et d’harmonie. Après avoir achevé cet ouvrage, qui ne saurait être mieux, si l’on n’y retrouvait les errements tudesques, Jacopo peignit le Christ accompagné au Calvaire par le peuple de Jérusalem. Devant le Sauveur marchent les deux larrons au milieu des ministres de la justice, qui, les uns à pied et les autres à cheval, portent les échelles, l’écriteau de la croix, les marteaux, les clous, les cordes, et en un mot les divers instruments du supplice. Derrière un monticule, la Vierge et les Maries attendent en pleurant le Christ, qui, succombant sous le poids de la croix, est impitoyablement frappé par les Juifs pendant que Véronique, entourée de quelques femmes, jeunes et vieilles, lui présente le suaire. Cette fresque, bien qu’on y voie toujours la manière allemande, renferme des nus et des têtes de vieillards admirables. Elle est infiniment supérieure aux précédentes ; car Jacopo, soit qu’il eût été averti par ses amis, soit qu’il eût reconnu lui-même son erreur, s’était aperçu du tort que ses essais avaient causé à son beau talent. Immédiatement après cette fresque, il devait exécuter un Crucifiement et une Déposition de croix ; mais il laissa de côté ces sujets, en se réservant de les faire en dernier, et peignit la Madeleine baisant les pieds du Christ mort. Il introduisit dans cette composition Joseph d’Arimathie et Nicodème. Les têtes de ces deux person-