Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui renferme les portraits vivants de plusieurs frères convers de la Chartreuse que j’ai connus personnellement.

Pendant que le Pontormo exécutait ces travaux, son élève Bronzino, qu’il se plaisait à encourager, peignit à l’huile, au-dessus de la porte du cloître qui conduit à l’église de la Chartreuse, un saint Laurent d’une telle beauté, que l’on commença à pressentir le glorieux avenir réservé à ce jeune artiste.

Vers cette époque, Lodovico di Gino Capponi, étant revenu de Rome, voulait faire décorer une chapelle que Filippo Brunelleschi avait construite jadis dans l’église de Santa-Felicità pour les Barbadori. Il communiqua son projet à Messer Niccolò Vespucci, chevalier de Rhodes, son intime ami, qui le détermina à confier cette entreprise au Pontormo dont le talent lui était connu. Jacopo représenta sur la voûte le Père Eternel entouré de quatre patriarches : dans les angles il plaça les quatre Évangélistes, un de ces derniers fut entièrement peint parle Bronzino. Je profiterai de cette occasion pour dire que le Pontormo se servait très rarement de ses élèves, et que, lorsqu’il les employait, il les abandonnait à leurs propres forces. Les peintures dont il orna la voûte de la chapelle de Lodovico Capponi semblaient annoncer un retour à sa première manière ; mais il n’en fut pas de même pour le tableau de l’autel, où il adopta un coloris si pâle, qu’il est difficile de distinguer les lumières d’avec les demi-teintes, et les demi-teintes d’avec les ombres. Ce tableau renferme le Christ que l’on