Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/381

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sculpteurs et des architectes. Alors je ne savais pas un mot d’italien, tandis que maintenant, en lisant votre livre, j’en ai, Dieu merci, appris assez pour oser vous écrire cette lettre. Oui, le désir d’apprendre l’italien m’a été inspiré par vos écrits. J’ai voulu les comprendre parce que, dès mon enfance, j’ai nourri un incroyable amour pour les trois arts du dessin, et surtout pour la peinture. Les secrets de cet art divin m’étant inconnus, maintenant votre livre que j’ai lu et relu m’en a dévoilé une partie qui, si minime qu’elle soit, suffit pour me rendre la vie agréable et joyeuse ; et ce peu que j’ai acquis, je l’estime plus que tous les honneurs, toutes les jouissances et toutes les richesses de ce monde. Je puis peindre à l’huile et d’après nature, mais principalement les nus et les draperies ; car je ne me suis pas senti le courage d’aborder des sujets plus difficiles, comme les paysages, les arbres, les eaux, les nuages, etc., qui réclament une main plus ferme et plus exercée. Cependant, au besoin, peut-être, serais-je en état de montrer que votre livre m’a fait faire quelques progrès dans le genre dont je viens de parler. Quoi qu’il en soit, je m’en suis tenu au portrait, d’autant que j’y ai été forcé par les nombreuses occupations que ma place entraîne nécessairement à sa suite.

Pour vous témoigner combien je suis reconnaissant de ce que vous m’avez poussé à apprendre la peinture et l’italien, je vous aurais envoyé un petit portrait que j’ai fait d’après moi-même, à