Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/385

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dont le monastère avait été fondé en 1249, firent représenter sur les murs de leur église les portraits des comtes de Hollande depuis Dietrich Ier jusqu’à Marie de Bourgogne, et que l’évéque Everhard, qui gouverna Liége en 959, orna une de ses églises de tableaux contenant les miracles de saint Martin. Enfin Gramaye, dans ses Antiquités d’Anvers, ne rapporte-t-il pas qu’en 1396, cette ville, encore fort peu importante[1], possédait déjà cinq ateliers de peintres et de sculpteurs ? Cette notice statistique atteste suffisamment, il nous semble, que la peinture et la sculpture furent accueillies de bonne heure, et avec faveur, dans les Pays-Bas. Il est vrai que van Mander, dans la préface de ses Vies des peintres néerlandais, écrit : « Je ne trouve pas que dans ces provinces l’on connaisse ou l’on cite des peintres plus anciens que Van Eyck : » mais la perfection qui distingue les ouvrages de van Eyck n’autorise-t-elle pas à conclure avec certitude que la patrie de cet artiste vit fleurir avant lui une grande école ? Bien que van Eyck appartienne évidemment au nombre de ces puissantes individualités dans lesquelles la nature semble avoir renfermé en quelque sorte le germe et la fleur d’un art tout entier, il n’est pas moins certain qu’un maître qui, comme lui, déploie autant de supériorité dans les différentes parties de son art, ne tombe pas tout à coup du ciel

  1. C’est ce qui résulte du petit nombre d’artisans qu’on comptait dans les corporations principales de la ville. Anvers n’avait alors que huit bouchers, six brasseurs, quinze boulangers et autant de tailleurs.