Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/387

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pement. Examinons donc quand et comment la peinture se dégagea en Flandre des langes où on la voit croupir jusqu’au XIIe siècle chez les autres nations occidentales.

Quelques écrivains ont attribué la renaissance de l’art dans les Pays-Bas aux progrès incessants de l’industrie et du commerce, de la richesse publique et de la liberté politique pendant le XIIIe et le XIVe siècle. Le goût du luxe, l’amour de la liberté, l’activité des citoyens peuvent bien assurément contribuer à accélérer la marche d’un art naissant ; mais renferment-ils en eux-mêmes des éléments capables de régénérer un art, d’enfanter un art nouveau ? Nous ne le croyons pas. Pour qu’un art dégradé, corrompu par la barbarie, ou épuisé par sa propre décrépitude, sorte de cet avilissement, il faut toujours une impulsion venant du dehors, un exemple plus parfait et assez puissant pour enflammer les artistes d’une noble émulation et pour les pousser à abandonner la routine et à se lancer dans la voie du progrès.

M. de Rumohr pense que la prise de Constantinople par les croisés, en 1204, a beaucoup aidé l’art italien à se relever de l’état de langueur et de dépérissement où il se trouvait avant le XIIIe siècle. Quantité de villes d’Italie, écrit-il, ont pris part au pillage de Byzance, et la propagation des anciens ouvrages néo-grecs qui s’ensuivit a sans doute engagé les artistes italiens à s’approcher de la manière de représenter et d’exécuter qui fut propre aux Byzantins, et qui apparaît dans les peintures