Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

France septentrionale, l’Allemagne et les Pays-Bas, développent cet élément qui sonde la réalité en tous sens, et apparaît aussi bien dans la peinture que dans les productions nombreuses d’une poésie originale et nationale.

Néanmoins, malgré d’incontestables progrès, les artistes, dans la période qui nous occupe, sont encore loin d’être arrivés à un point satisfaisant sous le rapport de la vie, de la vérité et de l’individualité. Forcés de lutter contre les anciens modèles consacrés par la tradition, et sanctionnés par une longue domination, ils cherchent à traduire leur pensée en ayant recours aux moyens les plus violents, les plus extrêmes, dictés par l’inexpérience, et peut-être aussi par l’impuissance.

Dans le siècle suivant, ces exagérations s’adoucissent, et l’idée nouvelle revêt des formes plus nobles et plus pures. Mais ce n’est qu’au commencement du XVe siècle que s’épanouissent de la manière la plus heureuse tous les germes qui, jusqu’alors, n’avaient guère travaillé qu’à se dégager des flancs du chaos. À partir de cette auguste époque, le sentiment de la nature illumine et féconde toutes les productions de l’art.

Les maîtres, tournés vers les objets de la réalité, réussissent, en les reproduisant avec fidélité et en les ennoblissant, à affranchir la peinture de la servitude architectonique, et à lui faire décidément acquérir une valeur indépendante.

L’école de Flandre, à la tête de laquelle marchent les frères Hubert et Jean van Eyck, représente les