Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/43

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cependant les excuser. Tout artiste est libre de travailler pour qui lui plaît et lorsque bon lui semble, et s’il fait du tort à quelqu’un ce n’est qu’à lui-même. Quant à la vie solitaire, j’ai toujours entendu dire qu’elle est favorable à l’étude, et lors même qu’il en serait autrement, je ne crois pas que l’on doive blâmer celui qui, sans offenser Dieu ni le prochain, vit à sa guise et de la façon qui convient à son caractère.

Revenons aux ouvrages de Jacopo. Le duc Alexandre ayant restauré en partie la ville de Careggi, bâtie jadis par Cosme l’Ancien, à deux milles de Florence, ordonna que les deux loges qui flanquent la cour du labyrinthe fussent décorées par le Pontormo. Le duc exigea que notre artiste prît avec lui des auxiliaires, afin que cette entreprise fût promptement achevée. Jacopo s’associa donc le Bronzino, lequel peignit dans cinq des pendentifs d’une des loges cinq figures, c’est-à-dire la Fortune, la Justice, la Victoire, la Paix et la Renommée. Le sixième et dernier pendentif fut orné d’un Amour, par Jacopo lui-même, qui dessina ensuite plusieurs enfants tenant divers animaux, qu’il fit peindre, à l’exception d’un seul, par le Bronzino, dans le compartiment ovale de la voûte. Tandis que le Pontormo et le Bronzino travaillaient à ces figures, Jacone Pier Francesco di Sandro et d’autres artistes exécutaient les encadrements, de sorte que la décoration complète de l’une des loges fut terminée au bout de très-peu de temps, le 13 décembre 1536, à la grande satisfaction du duc Alexandre, Les peintures de