Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/51

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Lorenzo, car, lorsqu’il ne tombait point dans de semblables irrésolutions, il était prompt à exécuter ce qu’il avait en tête (8).



Avoir rivalisé avec Léonard pour la science du modelé, avec Andrea del Sarto pour la grâce du jet, avec le Ricamatore pour le goût dans la décoration, avec les maîtres les plus distingués de l’école vénitienne, pour la beauté locale du ton ; avoir supporté glorieusement la collaboration de Michel-Ange, puis consentir à répudier les puissantes vierges italiennes, aux formes suaves et arrondies, pour copier servilement les longues et baroques figures de l’Allemagne ; et enfin, passer onze ans de sa vie à couvrir de fresques la chapelle de San-Lorenzo pour aboutir à se couvrir de ridicule : ne sont-ce pas là des choses plus singulières encore à expliquer que malheureuses, puisque le Pontormo, après tout, a laissé, en regard des bizarries de son âge mûr, les éminentes productions de sa jeunesse ?

Ces étranges contrastes de réussite extraordinaire et d’avortement complet, que nous offre la vie du Pontormo, si l’on examine les causes qui les ont déterminés, sont, il nous semble, autant de preuves irrécusables à l’appui de ces assertions que, plus d’une fois déjà, nous avons eu occasion d’émet-