Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/601

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dans l’église de San-Piero d’Arezzo, et qui renferme trois figures à mi-corps, sainte Agathe, saint Roch et saint Sébastien. Sur ces entrefaites, le célèbre Rosso vint à Arezzo et découvrit dans cette peinture quelques qualités qui lui inspirèrent le désir de me connaître. Il m’aida de ses conseils, et de plus me fit commander par Messer Lorenzo Gamurrini un tableau que j’exécutai d’après un de ses dessins avec toute l’application dont j’étais capable. Si les résultats eussent répondu à mes efforts, je n’aurais pas tardé à avoir du talent ; mais à chaque pas je rencontrais des difficultés que j’étais loin d’avoir prévues. Toutefois, sans perdre courage, je retournai à Florence où je m’adonnai à l’orfèvrerie, parce que je vis que la peinture ne devait pas de si tôt me fournir les moyens de sustenter mes trois sœurs et mes deux jeunes frères que mon père, en mourant, avait laissés à ma charge. L’an 1529, Florence ayant été assiégée, je me retirai avec mon ami Manno à Pise, où je renonçai à l’état d’orfévre pour peindre une fresque au-dessus de la porte de l’ancien oratoire des Florentins, et plusieurs tableaux à l’huile qui me furent commandés, grâce aux bons offices de Luigi Guicciardini, et de don Miniato Pitti, qui était alors abbé d’Agnano. Pendant ce temps la guerre augmenta tellement de violence, que je résolus de regagner Arezzo. La route la plus directe pour s’y rendre étant impraticable, je traversai les montagnes qui vont de Modène à Bologne. Dans cette dernière ville, je fus employé à décorer quelques arcs de triomphe que l’on avait élevés à l’occa-