Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/605

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et dont je ne cesserai jamais de respecter la mémoire comme celle du meilleur des pères. Grâce à ce seigneur, j’obtins la faveur d’entrer dans la sacristie neuve de San-Lorenzo, où je copiai avec beaucoup de soin les ouvrages de Michel-Ange pendant que cet illustre maître était à Rome. Je peignis ensuite un Christ mort porté au tombeau par Nicodème, Joseph et d’autres personnages en présence des Maries éplorées. Ce tableau a trois brasses de dimension. Après avoir appartenu au duc Alexandre qui en faisait quelque cas, il alla orner la chambre du duc Cosme d’où il passa dans celle de l’illustrissime prince son fils, où on le voit aujourd’hui. Plusieurs fois j’ai voulu y opérer diverses correc » lions, mais jamais on ne voulut me permettre d’y retoucher. Ce tableau engagea le duc Alexandre à me charger de terminer une salle du palais Médicis que Giovanni d’IIdine avait laissée imparfaite, comme nous l’avons dit dans sa biographie. J’y représentai César forcé, pour sauver ses Commentaires, de les élever d’une main au-dessus de sa tète et de nager de l’autre main en tenant son épée entre ses dents. À coté on voyait César brûlant les écrits de Pompée ; puis je le montrai se découvrant à un nautonier pendant une tempête. Enfin je commençai son Triomphe sans l’achever entièrement. Bien que je n’eusse alors guère plus de dix-huit ans, le duc me donnait six écus par mois, la îable, un domestique et le logement. Je me reconnaissais indigne de tant de faveurs, mais je n’épargnais rien pour les mériter. Lorsque j’étais arreté par mon