Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/609

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le nouveau duc, je préférai, suivant le conseil de Messer Octavien, abandonner la cour, et me consacrer entièrement à l’art. Tout en travaillant à Arezzo au tableau destiné à San-Rocco, je me disposais à partir pour Rome, lorsque Dieu voulut que, à la recommandation de Messer Giovanni Pollastra, je fusse invité à me rendre à Camaldoli, principal ermitage des Camaldules, pour voir comment on pourrait décorer leur église. La solitude et la tranquillité que l’on rencontre dans ce saint lieu me causèrent un vif plaisir. Je m’aperçus que ma jeunesse donnait à penser aux bons et vénérables ermites ; cependant je m’armai de courage, et je leur parlai de telle façon, qu’ils résolurent de me confier l’exécution des nombreuses peintures à l’huile et à fresque dont ils avaient l’intention d’enrichir leur église. Ils désiraient que je débutasse par le tableau du maître-autel ; mais je leur démontrai qu’il valait mieux commencer par un morceau moins important, d’après lequel ils jugeraient s’ils devaient continuer à m’employer. Je ne voulus pas non plus qu’ils me fixassent un salaire à l’avance ; je leur dis que, si mes tableaux leur plaisaient, ils me les payeraient ce que bon leur semblerait, et que, s’ils ne leur plaisaient pas, ils n’auraient qu’à me les restituer. Ils acceptèrent de grand cœur ces propositions, et je me mis à l’œuvre. Comme ils m’avaient demandé une Vierge portant l’Enfant Jésus, et accompagnée de saint Jean-Baptiste et de saint Jérôme, je quittai leur ermitage, et me rendis à leur abbaye, où je terminai promptement un dessin, d’après le-