Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/614

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tai au milieu d’une lueur céleste. Abraham est prosterné devant eux, tandis que la vieille Sara, sa femme, rit en songeant à la promesse que l’un des anges lui a faite[1]. D’un autre côté, on aperçoit Agar et Ismaël qui s’éloignent de sa tente. La lueur céleste qui entoure les anges éclaire les serviteurs d’Abraham, et quelques-uns d’entre eux, ne pouvant en supporter l’éclat, sont forcés de se voiler les yeux avec leurs mains. Les vives oppositions d’ombres et de lumière que renferme ce tableau lui donnent plus de relief que n’en ont les deux précédents. Ces trois sujets, une frise à fresque, les encadrements et les ornements de tout genre qui entrèrent dans la décoration du réfectoire, exigèrent huit mois de mon temps. Comme j’étais plus avide de gloire que d’argent, je me contentai de recevoir deux cents écus pour ce vaste travail. Messer Andrea Alciati, mon intime ami, lequel professait alors à Bologne, fit graver, au-dessous de mes tableaux du réfectoire, cette inscription :


Octonis mensibus opus ab Aretino Georgio pictum, non tam pretio, quam aniicomm obsequio, et honoris voto, anno 1539. Philippus Serralius pon. curavit.


À la même époque je peignis un Christ mort, et une Résurrection que l’abbé don Miniato Pitti plaça

  1. L’un des anges dit à Abraham : Je vous reviendrai voir dans un au en ce même temps ; je vous trouverai tous deux en vie, et Sara votre femme aura un fils. Ce que Sara ayant entendu, elle se mit à rire derrière la porte de la tente. — Car ils étaient tous deux vieux et fort avancés en âge ; et ce qui arrive d’ordinaire aux femmes avait cessé à Sara. Genèse, chap. XVIII, § 2, versets 9 et 10.