Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/629

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être terminé. J’étudiai avec une application extrême mes cartons, mais j’eus le tort, je l’avoue, pour marcher avec la célérité requise, d’avoir laissé à des auxiliaires le soin de les reproduire en peinture. Il aurait mieux valu que cet ouvrage m’eût coulé cent mois de travail et que pas un coup de pinceau n’eût été donné par une autre main que la mienne. Peut-être aurait-il été encore loin d’être aussi bien que je l’aurais désiré pour le cardinal et pour mon honneur, mais j’aurais eu au moins la satisfaction de l’avoir exécuté seul. Frappé de l’erreur que j’avais commise, je jurai qu’à l’avenir j’achèverais moi-même toutes mes peintures en me contentant de les faire ébaucher d’après mes dessins, par des auxiliaires. Parmi les jeunes artistes qui m’aidèrent dans la salie de la chancellerie, je citerai les Espagnols Bizzerra et Roviale, Battista Bagnacavallo de Bologne, Bastiano Flori d’Arezzo, Giovan Paolo de Borgo et Fra Salvadore Foschi d’Arezzo.

À cette époque, j’allais souvent, le soir, assister au souper de l’illustrissime cardinal Farnèse, chez lequel se rassemblaient ordinairement le Molza, Annibal Garo, Messer Gandolfo, Messer Claudio Tolomei, Messer Romolo Amaseo, Monsignor Giovio, et en un mot l’élite des personnages les plus distingués dans les lettres et dans d’autres genres. Un jour, la conversation étant tombée sur la collection des portraits d’hommes illustres formée par le Giovio, ce dernier dit qu’il avait le projet de composer un traité qui comprendrait des notices sur les plus célèbres artistes, à partir de Cimabue. Giovio s’éten-