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un geste vraiment royal, une coupe de vin à la reine. En somme, s’il m’était permis d’ajouter foi à ceux qui virent ce tableau, je serais autorisé à croire qu’il n’est pas dépourvu de qualités ; mais je sais mieux que personne ce qu’il est et ce qu’il aurait été si ma main eût été plus habile à rendre mes conceptions. Toutefois, je puis confesser librement quej’y déployai tous mes efforts. Sur un pendentif je peignis le Christ tendant une couronne de fleurs à la reine Esther, pour montrer que le sujet que j’avais traité est une allusion et à la répudiation de l’ancienne synagogue et à l’alliance du Christ avec la nouvelle Église.

À la même époque je fis le portrait de mon intime ami Luigi Guicciardini, commissaire d’Arezzo, et frère de Messer Francesco l’historien. C’est à lui que je suis redevable de l’acquisition du vaste domaine de Frassineto, qui est le plus beau morceau de ma fortune. Des nombreux portraits que je fis, malgré ma répugnance pour ce genre d’ouvrage, celui de Messer Luigi est, dit-on, le meilleur et le plus ressemblant. Il est aujourd’hui entre les mains des héritiers de Messer Luigi.

Après l’avoir achevé, je peignis, pour Fra Marietto de Castiglioni, un tableau destiné à l’église de San-Francesco, et renfermant la Vierge, sainte Anne, saint François et saint Silvestre.

Vers le même temps, je dessinai pour le cardinal di Monte, alors légat à Bologne, et plus tard pape sous le nom de Jules III, le plan d’immenses bâtiments d’exploitation, qui furent construits près de Monte-Sansovino.