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xiv
éloge

richi de diamans. Il est le seul homme de guerre pour qui la paix ait toujours été aussi laborieuse que la guerre même.

Quoique son emploi ne l’engageât qu’à travailler à la sûreté des frontières, son amour pour le bien public lui faisait porter ses vues sur les moyens d’augmenter le bonheur du dedans du royaume. Dans tous ses voyages il avait une curiosité dont ceux qui sont en place ne sont communément que trop exempts. Il s’informait avec soin de la valeur des terres, de ce qu’elles rapportaient, de la manière de les cultiver, des facultés des paysans, de leur nombre, de ce qui faisait leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait valoir en un jour le travail de leurs mains, détails méprisables et abjects en apparence, et qui appartiennent cependant au grand art de gouverner. Il s’occupait ensuite à imaginer ce qui aurait pu rendre le pays meilleur, de grands chemins, des ponts, des navigations nouvelles, projets dont il n’était pas possible qu’il espérât une entière exécution, espèces de songes, si l’on veut, mais qui du moins, comme la plupart des véritables songes, marquaient l’inclination dominante. Je sais tel intendant de province qu’il ne connaissait point, et à qui il a écrit pour le remercier d’un nouvel établissement utile qu’il avait vu en voyageant dans son département. Il devenait le débiteur particulier de quiconque avait obligé le public.