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NIHILISTE

II

Il était neuf heures du soir. Un paquet noir, que je n’avais pas aperçu d’abord, me barrait le chemin. Il faisait un froid de loup ; des pendeloques de givre donnaient aux bosquets du jardin de faux airs de grottes bizarrement taillées dans le cristal. La neige craquait sous les pieds avec un petit bruit sec et agaçant. Je me baissais pour écarter l’obstacle, quand je sentis, sous mes doigts, les contours d’un corps humain. J’ouvris alors rapidement la porte de mon logis, et, après avoir rapporté un flambeau allumé, je m’agenouillai sur le sol, tâchant d’éclairer le visage de la personne morte ou blessée qui gisait là.

Quelle ne fut pas ma surprise en reconnaissant Louise Gréard qui, les yeux clos, le visage livide, empreint d’une indicible souffrance, ne donnait plus signe de vie. Affolé, je la pris dans mes

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